Lettre ouverte au Ministre de l'agriculture
L'heure est grave !
Avec la lavande, ce sont tous les naturels qui sont menacés de disparition à cause de règlementations qui leur sont inadaptées ...
Sault, le 20 juin 2013
Objet:
Appel à l'aide, pour le sauvetage de la lavande et des autres plantes à parfum, aux prises avec les règlementations européennes de plus en plus destructrices.
Monsieur le Ministre,
Lors de notre dernière assemblée générale, élargie à l'ensemble des producteurs, il a été décidé à l'unanimité, de lancer un mouvement de contestation des nouvelles dispositions règlementaires européennes, dont la conséquence serait à très court terme, la ruine de nos exploitations et la disparition de la lavande, de nos paysages de Provence. Cela conduirait inévitablement à l'installation du désert et de la désolation, car il n'existe pas de culture de remplacement, dans nos zones de montagnes sèches.
Bien sûr, nous sommes attachés à la transparence, en ce qui concerne la santé publique! Les premières intentions, affichées par Bruxelles, nous paraissaient louables et, bien qu'aucun incident grave ne nous ait jamais été signalé, nous avions accepté volontiers, concernant nos huiles essentielles, les dispositions informatives, pour le consommateur, avec mises en garde, ainsi que le conditionnement, avec bouchon sécurisé et compte gouttes.
Nous pensions, naïvement, qu'on en resterait là.
Hélas, il n'en est rien! Bruxelles, avec REACH (enRegistrement, Evaluation, Autorisation des produits CHIMIQUES) et tous les autres règlements qui s'y rajoutent, est une nébuleuse; c'est très compliqué! Comment nos producteurs peuvent-ils s'y retrouver et agir? Nous sommes mis devant le fait accompli et ce n'est jamais fini! On peut noter, en particulier, le récent rapport scientifique d'un dermatologue anglais qui, s'il est adopté en l'état, menace clairement l'existence de la parfumerie et l'utilisation de composants naturels.
Depuis des temps ancestraux, la lavande a été cueillie et distillée dans nos montagnes, puis cultivée depuis le début du siècle dernier. Nous n'avons jamais eu connaissance de problèmes qui soient liés à sa production ou à son utilisation.
Nous, les producteurs, serions-nous devenus soudainement des pollueurs et des assassins?
Toutes ces dispositions règlementaires pourraient prêter à sourire, si la conséquence n'apparaissait pas dramatique, de façon imminente.
Le marché de la lavande est en train de se dégrader et des stocks de report, sont inévitables.
En cause, les productions étrangères? La règlementation ? Peut-être les deux!
Nous savons que, déjà, l'huile essentielle et d'autres naturels, sont retirés des formules dans divers produits commercialisés! Et cela va s'amplifier!
Pendant ce temps, d'autres pays (Chine, Inde, ... ) ouvrent des écoles de parfumerie et développent la culture de la lavande. lis pourront facilement nous prendre les parts de marché, dans le monde, en contournant l'Europe, empêtrée dans ses règlementations absurdes!
Nous vous demandons donc:
De nous aider, avec toute votre énergie et vos moyens, pour nous sortir de ce cauchemar, à épisodes sans fin !
Discuter, nous-mêmes, avec Bruxelles, nous paraît inutile:
• Les engagements pris en 2006 (traitement spécifique de nos produits) n'ont pas été tenus.
• Les arguments et les méthodes utilisées, nous paraissent parfois tellement burlesques que nous risquerions d'y perdre notre sérieux!
(Un exemple: traiter l'huile essentielle avec un solvant spécial, pour la forcer à se dissoudre dans l'eau, pour mesurer l'effet sur les poissons !).
Considérant que, dans toute institution démocratique, la décision, lorsqu'elle est d'importance, appartient aux élus, nous souhaitons vivement que vous repreniez les choses en mains et que vous mettiez tout en oeuvre, pour que soient rejetées ces dispositions règlementaires, conséquence d'évaluations inadaptées aux naturels.
Nous vous demandons également de tout faire, pour obtenir gain de cause sur les deux points suivants:
• Que nos huiles essentielles, soient reconnues, en tant que produit agricole.
• Que nous puissions bénéficier, d'un statut spécifique, prenant en compte les particularités de nos produits et leurs usages ancestraux, qui représentent un patrimoine universel.
Les règlements, que Bruxelles veut imposer, vont à l'encontre du but recherché, à savoir la protection du consommateur. En entraînant la réduction drastique, voire l'abandon des naturels, il n'y aura pas d'autre alternative que l'utilisation de produits issus de la chimie, malgré la défiance actuelle, les concernant. Ce secteur est le seul à pouvoir déployer de gros moyens financiers pour les évaluations et homologations des différentes molécules et produits, ce qui est hors de portée des producteurs agricoles. Sous couvert de bonnes intentions, en arriver à privilégier les intérêts de la chimie, au détriment des naturels, c'est monstrueux!
Nous allons nous battre! L'opinion est avec nous et nous allons la mobiliser!
C'est la seule force - mais elle est immense - que nous pouvons vous apporter pour soutenir vos démarches et vous permettre d'être écouté et entendu par Bruxelles, pour que revienne un peu de raison.
Nous n'accepterons jamais l'inacceptable!
Nous pensons que, seule une volonté et une action politique déterminées, toutes sensibilités confondues, peuvent sauver une région entière et son rayonnement dans le monde, dû, en grande partie, à la lavande.
Nous avons besoin de vous !
Vous pouvez compter, sur notre loyauté, à vos côtés !
Pour les producteurs,
Francis VIDAL
NB: L'APAL (Association de Producteurs d'Appellation Lavande), représente la locomotive de prestige de la production française.
Mais nous ne sommes pas seuls à partager les mêmes préoccupations et nous travaillons en concertation avec tous les acteurs de la filière:
PPAM de France (Union des Professionnels des Plantes à Parfum Aromatiques et Médicinales), qui se sont efforcés, jusqu'à présent de jouer le jeu de l'honnêteté et de la transparence avec Bruxelles,
Le CRIEPP AM (Centre Régionalisé Interprofessionnel d'Expérimentation en Plantes à Parfum, Aromatiques et Médicinales) et des représentants des parfumeurs, transformateurs, et utilisateurs de l'industrie.
Lire le dossier complet : dossier-reach.pdf