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Monsieur SAGARA, rédacteur en chef de la revue "Hasesawa letter", Chevalier dans la commanderie de la lavande de Haute Provence,
nous a fait l'honneur, avant de retourner au Japon de nous écrire ces mots.
L'avenir en bleu
La Haute Provence a eu la gentillesse de me montrer, quatre fois durant, les couleurs convenant exactement à la saison. La montagne à la fin de l'été, enveloppée d'une clarté indicible, intégrant un bleu mystérieux. Un changement soudain, et la forêt de chênes en hiver est illuminée d'une lumière d'or étincelante. Au début de l'été, dans les champs où la verdure a refait son apparition, des fleurs de lavande de couleur mauve pâle commencent à pointer leur nez avec timidité. Et enfin, le violet du plein été qui teint avec brio un paysage de champs et de montagne. Ai-je bien pu montrer dans mes photos toute cette transformation ?
En sélectionnant les photographies, j'ai écrit des textes décrivant des épisodes liés à chacune des compositions. Et le processus a pris du temps. J'ai lu et relu un nombre incalculable de fois. Mais, à chaque lecture, j'avais l'impression que je n'avais pas pu transmettre quelque chose de très important. J'ai pris une carte et j'ai retracé sur le papier le chemin que j'avais parcouru.
Ce chemin-là, ce village-là. Les visages de tous les gens rencontrés à ce moment-là se sont représentés à mon esprit. Tout le monde était gentil, dans une atmosphère comme enveloppée de chaleur et avec une générosité d'accueil à laquelle je ne m'attendais pas. Comme un prolongement de la vie quotidienne, venu m'apaiser avec discrétion. L'une après l'autre, les voix sont revenues résonner à mon oreille et les visages débordant d'un sourire se sont mis à flotter au-dedans de mes paupières. Mais d'où provient donc cette magnanimité sans fard ?
Car, en contraste avec la magnificence des couleurs toujours changeantes, la nature dans laquelle vivent ces gens est loin d'être complaisante. Elle est violente, au contraire. La lumière impitoyable du jour et le froid glacial de la nuit. La sécheresse apportée par le vent, les terres pauvres, les sentiers escarpés, les chemins de montagne. Contre tout cela, rien ne sert de se battre.
Tous ces gens ont enduré avec la plus grande patience, ils ont laissé faire la nature, et ils ont vécu ainsi. Dans ces dures conditions, ils ont cultivé des plantes comme on élève des enfants capricieux. Et c'est peut-être la coexistence avec cette nature difficile qui leur a permis d'acquérir cette attitude empreinte d'attention et de sollicitude, qui ne se soucie ni du temps ni des formes.
Ces gens surnomment la lavande qu'ils ont cultivée ''les petites fleurs bleues de Haute Provence". Si cela est ainsi, le dernier argument décisif pour définir la couleur de cette région c'est, bien sûr, le bleu.
Ils continueront sans aucun doute à protéger à l'avenir aussi ces petites fleurs bleues. Et ils continueront aussi probablement à séduire les visiteurs et tous ceux qui aiment la nature. Mon cœur ne cesse de former des prières pour le bonheur de leur avenir.
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