Lavandin
Les lavandins
A l'époque où les coupeurs allaient cueillir les lavandes sauvages, ils avaient déjà remarqué des plants plus développés que les autres qu'ils appelaient "grande lavande", "grosse lavande" ou "lavande bâtarde" : c'étaient des lavandins, issus de l'hybridation spontanée de la lavande vraie et de l'aspic.
Cette hybridation est due aux insectes butineurs, principalement les abeilles qui, en butinant de fleur en fleur, transportent le pollen d'une espèce à l'autre.
Ce phénomène a pu être vérifié en 1927 dans les laboratoires des établissements Chiris à Grasse. La pollinisation artificielle de l'aspic par du pollen de lavande a permis d'obtenir 6 graines, leurs semis a donné deux individus identifiés comme "lavandins".
Dans la nature, il existe beaucoup de lavandins différents, se rapprochant davantage tantôt de la lavande vraie, tantôt de l'aspic. Les aspects intermédiaires sont tous possibles, ce qui rend souvent l'identification morphologique difficile.
Il faut remarquer que c'est dans les années 1925 que sera différenciée la qualité Lavande du Lavandin, ce qui va créer un certain flottement pendant plusieurs années sur ces deux qualités.
"A côté de la Lavande Vraie, et depuis 1930 environ, un produit issu de l'hybridation de la Lavande Vraie et de l'aspic est apparu : le lavandin. Les plants sont nettement plus développés que ceux des lavandes et poussent à des altitudes bien moins élevées (vers 400 mètres généralement) dans des terrains plats et plus fertiles. L'huile essentielle de lavande, à l'odeur aromatique, florale, verte, fraîche et diffusante est plus fine et plus riche que celle du lavandin, plus verte et plus camphrée surtout. Le prix de l'huile essentielle de lavande est environ de 4 à 5 fois supérieur à celle du lavandin. L'usage du lavandin s'est développé en savonnerie, produits ménagers, détergents et même en parfumerie, en raison de son prix peu élevé. L'usage de la lavande reste l'apanage de la parfumerie sélective."
Jean Kerleo - Osmothèque
Caractéristiques
Dans un croisement d'espèces, la valeur moyenne des descendants est généralement supérieure à la moyenne des espèces que l'on croise : c'est le phénomène d'hétérosis.
Les lavandins peuvent pousser à basse altitude (comme l'aspic).
Ils ont un développement végétal bien plus important que celui de la lavande, une robustesse remarquable, une grande faculté d'adaptation au climat et à la nature des sols, enfin, un rendement en huile essentielle très important (jusqu'à 10 fois supérieur à celui de la lavande), mais avec une qualité d'essence moins camphrée que l'aspic.
Etant hybride, le lavandin est en principe stérile. Les grains de pollen sur les étamines présentent des anomalies et, sauf exception, le lavandin ne peut mener à terme la formation de graines. Sa reproduction est donc couramment réalisée par bouturage.
Tous les plants issus de boutures prélevées initialement sur un même sujet vont être rigoureusement identiques entre eux; ils pourront à leur tour être bouturés pour donner une nouvelle génération de plantes également semblables.
Cet ensemble constituera un "clone" (par opposition à la "population" constituée d'individus différents)
Principales variétés de lavandin
Quatre variétés occupent aujourd'hui la quasi-totalité des surfaces plantées en lavandin :
Lavandin abrialis | Lavandin super | Lavandin Sumian | Lavandin grosso |
Cette variété à fort rendement s'est largement répandue dès les années 30, supplantant la variété initialement cultivée à partir de plants sauvages, dite "ordinaire". Actuellement, l'abrial représente environ 7 à 10 % de la production. | Plus proche de la lavande fine, c'est un lavandin doté d'une forte capacité d'enracinement. Il a d'abord remplacé l'Abrial dépérissant dans les zones de culture traditionnelle (notamment les Alpes de Haute Provence) avant d'être lui-même affecté. Il représente actuellement environ 5 % de la production. | Assez proche de l'abrial, cette variété a connu un regain d'intérêt voici quelques années. Il représente environ 7 à 10 % de la production. | Ce clone a été sélectionné par M. GROSSO, de Goult (Vaucluse) : robuste et productif, il a connu un succès fulgurant à partir de 1972-1975. Toutes les variétés traditionnelles étant atteintes par le dépérissement qui réduisait parfois à 3-4 ans au lieu de 10-12 ans la durée de vie des plantations, elles ont été remplacées par le grosso. Il représente actuellement en moyenne 70 à 80% de la production, et dans certaines régions plus de 90 % (plateau de Valensole). |
Les plantations de lavandin
Les tout premiers essais de plantation de lavandin ont été réalisés en transplantant dans les champs des lavandins sauvages recueillis dans les collines.
C'étaient donc des "populations" de lavandin.
Mais dès les années 1925-1930, la technique du bouturage s'est imposée, permettant un développement très rapide de la culture du lavandin.
Toutes les plantations de lavandin existant actuellement sont constituées de plants obtenus par bouturage de clones. La même technique a également été appliquée à la lavande vraie pour obtenir des "lavandes clonales".
Les champs de lavandin ou de lavandes clonales sont très homogènes et réguliers, alors que les plants des champs de lavande fine présentent un aspect très disparate, ce qui complique la mécanisation.
La multiplication par bouturage a permis la sélection de "clones" présentant un intérêt économique particulier, et une extension rapide des cultures.